Le statisme des grands aplats d’acrylique à l’aspect tantôt mat, tantôt brillant est subrepticement animé par la matière, par des boursouflures d’or, cet or qui "capte la valeur solaire". Cette apparente mobilité colorée est contrebalancée par un travail graphique très dense et très complexe. Mouvements rotatifs et tournants, circonférences, spirales, arcs de cercles s’étalent et se déroulent (...) La ligne comme partage : en effet, une simple ligne peut diviser une couleur unique appliquée uniformément en plusieurs tons ou nuances au gré des désirs plastiques de l’artiste. Et c’est un autre monde qui s’offre à nos yeux.
L’imaginaire vient inlassablement se mesurer au réel par ses formes géométriques et ses mélanges de matières. C’est inattendu, c’est visuel, et ainsi notre approche de la réalité efface la discordance entre notre monde et l’esprit dans lequel se meut son art et s’étirent ses grands formats (...)
Il refuse cette esthétique du tableau traité comme donnée concrète en accentuant sa dimension picturale et son espace symbolique. "Peindre c’est déjà penser", penser à la valeur de chaque objet, de chaque teinte, à ce qu’il peuvent véhiculer dans l’inconscient collectif à travers les cultures et le temps. (...) La pensée et le symbole s’immiscent et s’installent dans une matière spécifique, cette acrylique qui se fixe tout de suite, comme pour figer la spontanéité gestuelle, mais également la quête de cette limite, si précaire, entre le rien et ce qui prend vie... ce fragile instant de création après une lente maturation.
Muriel CARBONNET, Docteur en Histoire de l’Art.
Par : gilles.biotti@tele2.fr